Hôtel Troisgros, à Ouches

Quel bonheur de faire durer le petit-déjeuner puis de flâner dans l’un des salons dont les baies de verre soufflé ouvrent sur une large terrasse embrassant prairie et forêt. De s’alanguir près de la cheminée du salon vert ou dans l’antre de la bibliothèque, entre livres d’art, éclats d’objets variés, fleurs sauvages ou de lune. La magie de cette grande maison tient tant à l’unicité du moment qu’à son éternelle attraction.

Dès l’entrée, en traversant le corps de l’ancienne grange, l’ambiance se déploie, chaleureuse et bienveillante. Entre les œuvres d’artistes offertes en partage et les collections bigarrées que Marie-Pierre se plaît à faire vivre dans chacune des pièces, des chats s’alanguissent et signent avec elle l’esprit d’un lieu habité.

Tout comme les présences aussi discrètes qu’attentives qui se glissent ci et là pour assurer l’hospitalité, l’architecture se déroule en fondu enchaîné dans l’orbe d’un chêne séculaire, embrassant d’un même élan les styles et les époques. Cette fluidité d’ensemble que rien ne vient troubler et où chacun est libre d’évoluer suscite un sentiment de paix. On est ici chez soi, dans un monde en soi.

Le rêve que la famille Troisgros concrétise à Ouches est le fruit d’un désir et d’une intuition. Et quel rêve que cette étendue de dix-sept hectares où se fond une campagne au cœur d’une nature libre d’elle-même. Ce tableau impressionniste, véritable ode au jour le jour, a sa vibration et son relief uniques. Ni l’architecte, ni le paysagiste n’ont cherché à dominer ou transformer la nature. Mais par un jeu de transparences qui la laissent entrer de toutes parts, ils la donnent à voir, humer, toucher, goûter…

Du jardin des kakis au clos blanc près desquels reposent des bancs confidents, en passant par l’arbre des vœux jusqu’au bois et son monde flottant, par tous les temps et diverses lumières, l’endroit invite à la promenade et aux divagations.